Cette année, j'ai lu ou relu
Beaucoup de choses ont changé dans ma vie au cours de l'année passée, sur le plan professionnel d'abord mais aussi sur le plan perso.
Parmi les points positifs, j'ai retrouvé un peu de temps pour lire, chose que je ne faisais plus depuis quelques temps.
Voici donc, un peu en vrac, quelques livres ce que j'ai lu ou relu, quelques citations, ce qui m'a plu et ce que j'ai moins aimé.
Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, de Philip K. Dick
Republié de nos jours sous le titre "Blade Runner", ce qui reste un mystère pour moi tant le titre original me semble avoir tellement plus de sens.
Un grand classique de la SF paru dans les années 60. Les humains qui le pouvaient ont fui la Terre et se sont installés dans des colonies extraterrestres où ils sont servis par des androïdes. Mais l'histoire se déroule bien sur Terre, où on suit à la fois un chasseur de prime chargé de traquer des androïdes qui se sont échapés des colonies et un "spécial", un humain devenu un peu simplet car trop irradié. Toute l'histoire tourne autour de ce que permet de différencier le vivant du robot. Il est beaucoup question d'empathie et mais aussi et surtout ... des animaux : le héros complètement obsédé par l'idée de s'acheter un vrai animal alors qu'il n'en existe quasiment plus, les animaux électriques plus vrais que natures que les humains s'achètent, une araignée à qui on arrache les pattes pour la torturer, et les mouches électriques pour nourrir le crapaud électrique de la scène finale ...
Shangri-La, par Mathieu Bablet (Une bande dessinée)
La Terre est devenue inhabitable et les hommes vivent à présent dans une station spatiale gérée non pas par un État mais par une entreprise.
Je n'ai pas aimé le dessin (très anguleux surtout au niveau des visages), même si je reconnais que les passages dans l'espace sont vertigineux et vraiment magnifiques. Mais il y a beaucoup de choses dans cette histoire : du consumérisme, du racisme et de l'exclusion des minorités, de la publicité (très présente), de la propagande pour contrôler des foules, la folie des grandeurs des hommes, etc
Une des nombreuses publicités dans la station
Ravage, de René Barjavel
Je me rappelle très bien du moment où je l'ai acheté il y a de nombreuses années déjà. Je l'ai cherché un moment au rayon science-fiction sans le trouver. Le libraire m'a alors indiqué qu'il se trouvait au rayon "classiques de la littérature française".
Avant de le relire cette année, je ne me rappelais pas de grand chose de l'histoire mais il m'avait laissé le souvenir poignant d'un récit d'effondrement, avec des hommes démunis et tous nus (littéralement) sans la technologie, de la panique, et du feu, partout.
J'avoue avoir été déçue et je regrette presque de l'avoir relu. À présent, j'en garde le souvenir d'une histoire extrêmement paternaliste et d'un regard froid et sombre sur l'humanité, le progrès et la résilience. Ça reste néanmoins toujours amusant de lire une vision du futur datant des années 60, avec ses bus suspendus et son industrie agroalimentaire chimique mais délivrée de l'horreur et du barbarisme de l'élevage ...
La nuit des temps, de René Barjavel
Celui-là aussi, je me souviens quand je l'ai acheté : c'était lors de mes vacances familiales d'été car il faisait partie des lectures au programme scolaire. Je me souviens du libraire me le tendant en me disant "ah oui, celui-là, il est bien".
Et en effet, déjà à l'époque, je l'avais dévoré et j'avais eu envie de lire d'autres ouvrages de Barjavel (dont Ravage). Je ne me souvenais en revanche pas que c'était également une histoire d'effondrement civilisationnel d'une part et d'autre part celle d'une communauté scientifique tentant de créer des biens communs mais rattrapée par la compétition entre les nations !
Malgré l'ambiance Guerre Froide qui transpire dans tout le bouquin ça reste une lecture agréable et un classique de la science-fiction (et sans aucun doute de la littérature française 😇 ). J'aimerais beaucoup en voir une adaptation au cinéma un jour.
Si j'étais Dieu..., de René Barjavel
L'Homme est mort.
"Pendant que Vous faisiez la Sieste. Vous avez eu tort, c'est une grave négligence : quand on est Dieu, il ne faut pas fermer l'oeil - il a fabriqué de plus en plus d'usines et de machines pour dévorer sa planète et les excréments de tous ces engins ont empoisonné son eau et son air, il a commencé à haleter et à mourir de faim, et depuis longtemps i se battait contre lui-même, les riches contre les pauvres et les riches contre les riches et les pauvres contre les pauvres, et les Noirs et les Jaunes contre les Blancs et les Blancs entre eux, alors il a délivré toutes les bombes qu'il avait entassées dans des trous, dans les montagnes, dans la mer, et elles ont éclaté partout, sur les uns et sur les autres, elles ont tout tué, tout ratatiné, tout cuit, non seulement l'homme, Dieu, mais toutes Vos autres créatures sur la Terre, l'éléphant et la fourmi, et les trois oiseaux qui restaient, et les deux arbres, tout." - extrait
J'ai eu un petit pincement de cœur pour les trois oiseaux, j'avoue.
Très surprenant dans la forme, on y retrouve l'auteur, à la fois dans son propre rôle (d'écrivain donc, à discuter de ce livre avec celui qui lui en a inspiré l'idée), mais aussi dans celui de Dieu recréant la Terre en mieux et de l'Homme qui profite de l'occasion pour demander des petits changements.
Parfois drôle, parfois très métaphysique, indubitablement farfelu ... Je l'ai trouvé dans une boîte à livre de ma commune alors que je relisais du Barjavel, et je l'y redéposerai surement.
Silo, Silo - Origines et Silo - Générations de Hugh Howey
Une de mes bonnes surprises de l'année, je n'avais pas lu quelque chose d'aussi bon depuis quelques temps !
Encore de la science-fiction post-apocalyptique, dans un univers que j'ai trouvé très immersif. Une intrigue assez simple finalement, mais très bien amenée au fil des découvertes des personnages, avec un niveau de suspense bien géré au fil des trois tomes. J'ai eu plus de mal sur le deuxième mais j'ai retrouvé avec plaisir les personnages principaux des deux premiers tomes dans le dernier ouvrage.
Watership Down, de Richard Adams
"Ce roman de Richard Adams s'est écoulé à plus de 50 millions d'exemplaires, touchant des générations de lecteurs à travers le monde; ce qui, en vérité, n'a absolument aucun sens pour des lapins."
- Postface du roman
Je n'avais jamais entendu parler de ce best-seller avant d'en commencer la lecture et il faut reconnaitre qu'il est étonnament captivant. On y suit un petit groupe de valeureux qui fuient la destruction de l'endroit qui les a vu grandir et qui affrontent moult périples pour retrouver un nouveau foyer et reconstruire une société heureuse. C'est complètement épique, ça parle d'héroïsme, de survie, d'entraide et de système politiques et sociaux. Avec des vrais lapins dedans.
Petit Guide Pratique, Ludique et Illustré de l'effondrement, d'Émile Bertier et Yann Girard (Bandes Détournées)
"Nous tenons à remercier chaleureusement les grandes compagnies pétrolières et gazières, les fabricants d'oléoducs, les propriétaires de Hummer, les passionnés de Jet-Ski, les amateurs de barbecue, les vaches et leurs flatulences, les bûcherons brésiliens, les industriels de la pêche en eau profonde, les tour-opérateurs et leurs flottes de navires de croisière, les touristes compulsifs, les fabricants d'écrans plats, les sites de streaming ... Bref tous ceux qui, de près ou de loin, mettent leur passion et leur expertise au service de l'effondrement de la civilisation thermo-industrielle. Sans eux, cette bande dessinée n'aurait jamais vu le jour."
- Préface
Une bande dessinée, mais un peu spéciale : les images sont celles de vieux comics américains libres de droits, réagencées et remises en dialogue avec grand humour par les auteurs. C'est très drôle et rafraîchissant, à consommer sans modération !