L’aventure commence sur un défi : comment continuer à partir en vacances avec des amis moins écolos, qui prennent l'avion sans se poser de question.
Pour moi, l'avion à tout va n'est plus une option. Mais pas question non plus de renoncer à mes amis ou à nos vacances si mémorables. C'est ainsi qu'a germée l'idée de ce voyage en train à travers l'Europe, pour relier les îles Lofoten en Norvège, au delà du cercle arctique, à la région parisienne.
Ce parcours, qui m’a emmenée à travers des paysages à couper le souffle, s’inscrit également dans la continuité d'une tradition chère à mon blog (quoiqu'un peu délaissée ces dernières années) : celle des railtrips, les voyages en train. Mais jusque là, j'avais principalement exploré des trajets de courte distance, en prenant très à cœur cette vieille campagne de publicité de Transilien : pas besoin de partir loin pour voyager. Cette fois, l'ambition était toute autre, et il s'agissait également pour moi de vérifier s’il est possible de profiter de ses vacances sans renoncer à son éthique.
Pour préparer ce voyage, je me suis appuyée sur d'autres blogs de voyageurs en train (notamment Le monde en train), qui m'ont rassurée sur la crédibilité du projet et guidée dans mes recherches. C'est dans cette même démarche d'échange et de partage que je publie cet humble retour d'expérience, en espérant qu'il pourra vous inspirer.
Par où commencer ?
Avant de partir, il est essentiel de bien préparer son itinéraire.
Le point de départ pour mes acolytes et moi est Bodø, en Norvège. Partant de là, j'ai commencé par poser les grandes étapes du trajet après avoir consulté quelques cartes ferroviaires et épluché des blogs de passionnés. Voici les grandes étapes du trajet retenu :
Bodø ➔ Trondheim ➔ Oslo ➔ Malmö / København ➔ Hamburg ➔ Köln ➔ Paris ➔ chez moi
D'autres options sont bien sûr possibles, notamment en passant par la Suède, mais il s'agissait à la base de vacances en Norvège !

Évidemment, ce trajet n'est pas faisable en une seule journée, et ce n'est d'ailleurs pas l'objectif. Déterminer ainsi les "escales" permet donc de décider où dormir et bien sûr aussi que visiter en chemin.
Cette étape de planification a été la plus complexe je pense, car elle nécessitait de faire des recherches sur les trajets possibles et leurs horaires, tout en tenant compte des possibilités d'hébergement (ah, mais attention, si on veut vraiment prendre le train qui arrive à X à 22h45, il faut un hébergement proche de la gare et où on peut récupérer les clefs tardivement) et des choses à voir (une journée à Oslo, est-ce que c'est suffisant ? est-ce qu'on prendrait pas plutôt le train d'après pour en profiter plus ?).
Je n'ai pas d'outil spécifique à recommander pour cette étape, nous avons navigué avec diverses solutions : des agrégateurs internationaux qui présentent toutes sortes de trajets aux modes variés aux sites officiels des opérateurs, qui m'ont semblé plus fiables pour avoir les horaires et les tarifs. Nous avons planifié le trajet entier en faisant des recherches de trains et d'hébergements avec des dates fictives, puis avons réservé l'ensemble du voyage sur quelques jours, entre 3 mois et 2 mois avant le départ, en fonction des ouvertures à la vente des différents trains.
Quid du pass Interrail ?
Le pass Interrail est un titre de transport / carte de réduction qui permet de voyager à des tarifs avantageux lorsqu'on traverse l'Europe. J'avoue ne pas l'avoir étudié en détail car son fonctionnement m'a semblé confus : dans certains trains, on peut monter et être en règle juste avec le pass, dans d'autres il faut réserver mais on bénéficie d'une réduction. Le pass n'est pas valide dans son pays d'origine, sauf qu'en fait si, si c'est pour prendre un train qui quitte le territoire et qu'il y a un guichet SNCF qui est au courant. Bref, je n'ai rien compris et j'ai préféré réserver mes trajets bien en avance.
Les étapes
Tog mot Trondheim
Mon trajet a donc commencé à Bodø, capitale du Nordland et la première étape a consisté à rejoindre Trondheim, la capitale du Trøndelag.
Ce trajet est réputé magnifique, mais il est surtout particulièrement long : 729 km, avec 293 ponts et 154 tunnels.
Notre plan initial était de le faire en train de nuit : en effet, à cette période de l'année (mi-juin), il n'y a pas de nuit au dessus du cercle polaire, donc le train de nuit semblait être une bonne option pour profiter du paysage sans "perdre" une journée entière dans le train. Malheureusement, en raison de soucis techniques sur une motrice, le train de nuit ne circulait pas à cette période et n'a pas été mis en vente. Nous avons donc finalement dû opter pour un train circulant en journée, tout en décalant notre programme complet d'une journée.
J'ai acheté le billet sur vy.no, et le train est opéré par SJ Nord.
Concernant le train en lui-même, il s'est révélé étonnamment confortable, avec notamment un bel espace pour les jambes. En plus des équipements habituels et attendus (zone pour les vélos, zone pour les personnes en fauteuil roulant, table à langer, etc), on y trouve plusieurs commodités appréciables tels que des prises et du wifi pour rendre le temps moins long, une voiture restaurant avec de grandes tables pour manger et des comptoirs pour boire un café avec vue sur le paysage. Plus étonnant, il y avait aussi à disposition des petits livrets avec des jeux pour les enfants, et même une zone de jeux pour eux, aménagée dans le wagon de tête.
La seule chose qui m'a manquée pour un trajet si long est l'absence de fontaine à eau, pour remplir sa gourde. Pour une raison que je n'explique pas, tout le monde semble boire de l'eau en bouteille ici ...

Le trajet est en effet magnifique avec une grande diversité de paysages, la voie ferrée lèche les fjords et traverse les montagnes. Un instant, on longe la mer et les petites maisons rouges de pêcheurs typiquement norvégiennes et on peut presque toucher l'eau, puis si on s'assoupit une vingtaine de minutes, on se réveille dans un paysage enneigé très blanc et traversé de torrents.

Au bout de deux heures environ, le train traverse le cercle polaire, qui est marqué des deux côtés de la voie ferrée par des petites pyramides de pierres surmontées d'un globe. Une petite annonce sonore (comme toujours, en norvégien puis en anglais) et un ralentissement du train nous permettent de prendre le temps d'apprécier le moment.

Enfin, après une quinzaine (?) d'arrêts, le train arrive finalement à Trondheim en soirée, avec quelques minutes d'avance et toujours sous un soleil qui semble toujours refuser de se coucher.

Bref, sans aucun doute, un trajet qui vaut le détour !
Trondheim ➔ Oslo
Après une escale d'une courte journée à Trondheim, direction la capitale norvégienne !
Il s'agit là encore d'un trajet assez beau mais assez long, qu'il est aussi possible de réaliser en train de nuit. Nous avions écarté cette possibilité, car nous craignions d'être trop fatigués pour profiter de nos escales en enchainant deux trains de nuit collés à la vitre pour profiter des paysages. Au final, nos plans ont été bousculés puisque nous n'avons pas pu faire le premier trajet de nuit, mais nos escales étaient déjà bien planifiées donc nous sommes restés sur l'option de jour.
Il s'agissait également d'un train opéré par SJ Nord, assez similaire, et j'ai également acheté le billet sur vy.no.

Le trajet est également magnifique, avec encore des fjords, des forêts plus ou moins enneigées et des montagnes majestueuses. Certaines petites gares traversées sont également très jolies.

Nous avons fait une escale d'un jour et demi à Oslo avant de repartir. Il s'agissait de notre dernière escale en Norvège. Nous avions initialement envisagé de faire un crochet par Bergen, connue pour ses fjords magnifiques et aussi pour la ligne de train Oslo Bergen, une des plus jolies du monde ! Mais malheureusement, cela aurait vraiment allongé nos vacances et rentrait difficilement dans le planning.
Oslo ➔ Malmö / København
Le trajet suivant est celui qui nous a donné le plus de fil à retordre et que nous avons acheté en dernier : nous avions initialement prévu un train passant par Göteborg. Mais impossible de trouver ce trajet, que ce soit sur les sites de vente suédois ou norvégiens, même 30 jours avant notre départ, nous n'avions que des trajets extrêmement longs, avec des détours étranges. Nous avons finalement opté pour un car opéré par FlixBus.
Le confort y est bien sûr plus sommaire que dans un train, mais nous sommes arrivés sans encombre à Malmö.
Notre escale prévue était Copenhague au Danemark (København), qui est réputée très chère. Nous avons donc décidé de nous arrêter plutôt à Malmö en Suède et d'y dormir, puis de partir de là pour la journée pour explorer Copenhague. En effet, les deux villes ne sont séparées que par une quarantaine de minutes de trajet en train.
C'est le seul trajet que nous n'avions pas réservé en avance, il s'achète en effet facilement sur les bornes en gare, avec une réduction pour les achats groupés (à partir de 2 personnes) et est très régulier (aux horaires où nous avons regardé, il y avait un train toutes les 15 minutes).
Cela nous a également permis de passer quelques heures dans les rues de Malmö. La troisième ville de Suède s'est révélé assez sympathique, et nous a permis de découvrir l'histoire des Vita bussarna (bus blancs en suédois), une opération humanitaire lancée par la Croix-Rouge suédoise à la sortie de la deuxième guerre mondiale pour rapatrier les scandinaves emprisonnés dans les camps de concentration de toute l'Europe.

Le trajet Malmö ➔ København / Köpenhamn / Copenhague en lui-même vaut également le détour : il emprunte en effet le pont-tunnel de l'Øresund, qui traverse le détroit de mer entre le Danemark et la Suède. Le train est sans places réservées et propose également un wifi, quoiqu'un peu aléatoire.
København ➔ Hamburg
Après la Suède et le Danemark, il nous fallait traverser l'Allemagne. Et j'avais une petite appréhension sur cette partie concernant la ponctualité des trains et l'impact sur les correspondances suivantes, d'autant que ma capacité à comprendre les informations diffusées en cas de perturbation est limitée car je ne parle pas allemand.
J'avais déjà réalisé un Paris ➔ Copenhague en train en une journée, dans d'autres circonstances, pour le boulot (merci au passage à Sergio d'avoir organisé ce trajet, qui m'a sans aucun doute inspirée pour préparer ce voyage en Norvège ! ) et j'avais eu des retards assez conséquents.
Nous avons donc décidé de faire une escale d'une demi-journée à chacune des correspondances en Allemagne. Cette précaution s'est finalement révélée inutile (nous n'avons eu qu'une quinzaine de minutes de retard sur ces trajets) mais je pense qu'elle nous a accordée pas mal de tranquillité d'esprit et nous a permis de continuer de prolonger les vacances en visitant encore de nouvelles villes.
J'ai acheté le Copenhague ➔ Hambourg sur Trainline.
Le trajet comporte une petite curiosité ferroviaire, avec la boucle de Rendsburg. Il s'agit d'une portion de voie ferrée qui passe par dessus elle-même en décrivant un trajet circulaire en pente régulière, tout en contournant un charmant village pour monter sur un pont ferroviaire qui enjambe le canal de Kiel.

Hamburg ➔ Köln
Après une nuit à Hambourg, nous sommes repartis direction Cologne.
Nous avions été intrigués lors de notre préparation par un train particulièrement peu cher opéré par FlixTrain. Nous avons dû rouler toutes fenêtres ouvertes pour compenser l'absence de climatisation, et le wifi n'était que théorique, mais pour ce prix, on peut difficilement se plaindre ...
C'était déjà un peu le cas à Copenhague, mais nous avons été étonnés à Hambourg et à Cologne par l'organisation de l'embarquement en gare, très différent de nos habitudes françaises : les numéros de quai sont connus longtemps à l'avance (parfois déjà renseignés sur les billets au moment de l'achat) et les trains se succèdent très rapidement en gare. Il n'est donc pas rare d'avoir un quai, desservant deux voies, avec des voyageurs de 5 trains différents qui attendent. Cela complexifie les déplacements sur le quai, et aussi le positionnement par rapport aux voitures, puisque celui-ci au contraire n'est affiché en détail sur le quai que pour le prochain train, donc parfois 5 à 10 minutes seulement avant son arrivée en gare. De même, en cas de retard, il faut rester vigilant pour s'assurer d'embarquer dans le bon train, et pas dans celui qui aurait dû passer il y a 10 minutes mais a 7 minutes de retard 🙃

Köln ➔ Paris
Après avoir déposé nos valises en consigne et profité d'une courte escale à Cologne, nous sommes repartis vers Paris.
Nous avons opté pour un Eurostar, acheté sur Trainline.
Notre voyage prévoyait initialement une escale en Belgique, à Liège ou Bruxelles, mais nous avons dû y renoncer quand nous n'avons pas pu acheter le train de nuit Bodø ➔ Trondheim et que nous avons dû ajouter une journée de trajet. Sans grand regret, ces villes sont suffisamment proches pour être explorées lors d'un prochain railtrip !
Encore une petite heure de RER, et nous voilà retournés chez nous après un bien long voyage.
Récapitulatif
Voici un petit résumé des principales caractéristiques de notre périple :
Section |
Coût |
Durée |
Émissions carbone |
🚆 Bodø ➔ Trondheim |
718 NOK soit 31 euros |
9h46 |
12 kgCO2eq |
🚆 Trondheim ➔ Oslo |
656 NOK soit 28,38 euros |
6h31 |
9 kgCO2eq |
🚍 Oslo ➔ Malmö |
33,48 euros |
7h15 |
16 kgCO2eq |
🚆 Malmö ➔ København, puis København ➔ Malmö, puis Malmö ➔ København |
40,5 euros (300 SEK par trajet soit 13,5 euros) |
1h51 |
6 kgCO2eq |
🚆 København ➔ Hamburg |
51,49 euros |
4h38 |
19 kgCO2eq |
🚆 Hamburg ➔ Köln |
14,98 euros |
4h09 |
11 kgCO2eq |
🚆 Köln ➔ Paris |
32 euros |
3h21 |
8 kgCO2eq |
Coût global : Environ 230 euros pour le transport, auxquels s'ajoutent environ 350 euros pour l'hébergement et la consigne, soit 580 euros par personne.
Durée totale : 37h31. C'est long bien sûr, mais le fait de découper le trajet par des villes étapes à visiter le rend plus digeste. J'avais prévu plusieurs livres et des dizaines d'heures de podcast pour passer le temps, et je n'en ai finalement consommé qu'une petite partie.
Émissions carbone : les minimiser était un des objectifs du voyage, on arrive à 81 kg d'équivalent CO2. On remarque ici que les trajets en Allemagne plombent pas mal le chiffre, du fait de leur mix énergétique peu avantageux. Mais c'est quand même 8 fois moins qu'un Bodø ➔ Paris en avion !
Remarque : j'ai utilisé le site lowtrip pour estimer les émissions. J'ai un petit doute sur le Bodø ➔ Trondheim, qui est assez comparable avec le Trondheim ➔ Oslo, alors qu'il me semble que la motrice du premier trajet n'était pas électrique.
80 kgCO2eq, ça me semble raisonnable pour un trajet de cette distance, voici quelques éléments de comparaison, obtenus à l'aide sur site Impact CO2 de l’ADEME :

Au final, le pari est réussi, ce trajet nous a permis de prolonger nos vacances sans trop cramer la planète.
J'ai bien sûr conscience que ce n'est pas à la portée de tous, et que ça nécessite des moyens en argent et en temps, pour planifier soigneusement ses vacances, mais surtout concrètement pour allonger la durée de ses vacances. Mais si vous pouvez vous offrir ce luxe de flâner en chemin, surtout foncez et prenez votre temps ! Car comme le dit la formule consacrée "l’important, ce n’est pas la destination, c’est le voyage"
S’il y a une région qui se prête particulièrement aux railtrips comme je
les aime, c’est bien la région PACA.
Je ne cesse de m’émerveiller de tout ce qu’on peut voir et faire en
prenant un TER à moins de 5 euros.

J’ai en effet profité du week-end de l’ascension pour réaliser deux
petits railtrip fort sympathiques, quoique, pour changer, j’ai encore eu
des grands moments de solitude face aux bornes de vente de billets.
Départ d’Antibes, direction Beaulieu-sur-Mer pour une petite promenade
le long de la mer, vers randonnée vers St-Jean-Cap-Ferrat
Direction les bornes pour acheter des billets.
Pour ma part, je me dirige vers la borne classique qui vend des billets
pour les trains grandes lignes mais aussi les TER (les jaunes moches
habituelles) pour acheter deux billets (pour un de mes acolytes et
moi-même)
Je saisis mes 342 options nécessaires jusqu’à arriver au moment où il
faut saisir son numéro de carte voyageur ou son numéro de carte jeune.
Mon acolyte commence à farfouiller dans ses affaires, ça traine ça
traine et loupé ! il faut tout recommencer depuis le début.
Vu que les autres acolytes ont libéré une borne TER, je migre vers
celle-ci car j’ai souvenir qu’elles sont plus simples à utiliser.
Là effectivement, il n’est pas nécessaire de donner son numéro de carte
voyageur (de toute manière, avec un billet si peu cher, on ne cumule
même pas de points de fidélité !), je passe sans encombre l’étape du
choix de la zone (bleue ou blanche) grâce à l’étiquette positionnée
au-dessus de l’écran (pas comme à Banyuls-Sur-Mer) et j’arrive
rapidement au moment où il faut payer. Là, dans la précipitation, je me
trompe et je mets ma carte bancaire dans la fente réservée à une autre
carte (carte d’abonné TER ? je ne sais plus). Argh, la borne plante. Il
faut attendre qu’elle redémarre.
Bon aller, troisième essai, cette fois-ci c’est la bonne, je suis
finalement en possession de mes deux billets. Comme vous pouvez le voir,
j’ai toujours autant de mal à utiliser les bornes SNCF …
Compostage, et direction la plage !
La petite promenade en train est assez rapide, et laisse place à une
vraie promenade sur le littoral, entre la mer et les montagnes.
Sur le chemin, nous apercevons, entre autres, le village perché d’Èze,
où nous allons le lendemain !
Je vous épargne les détails, passons directement au lendemain.
De même, tout commence dans la gare d’Antibes, au moment d’acheter son
billet de TER.
Rebelote, je sélectionne les options, je cherche la zone, etc. Au bout
de quelques étapes, je me rends compte que je me suis gourée : j’ai
sélectionnée 12/25 découverte au lieu de carte jeune : je recommence
tout.
Pour rien, visiblement, c’est le même prix.
Mais impossible cette fois d’acheter plusieurs billets en même temps …
zut, les bornes se ressemblent mais ne sont pas exactement les mêmes.
Je ne voudrais pas lancer une théorie du complot mais quand même, si on
avait voulu rendre l’achat de billet de train compliqué, on ne s’y
serait probablement pas pris autrement.
Bref, je refais tout deux fois, et c’est parti !
Ou pas, vu que le prochain train est en fait dans une heure.
Du coup, j’ai proposé à mes acolytes de cartographier sur OSM
l’accessibilité de la gare d’Antibes mais étonnement, la proposition de
la partie de UNO sur la plage a obtenu plus de suffrages …
Comme la plage d’Antibes est un peu loin de la gare, nous décidons
d’aller plutôt à la plage sur une gare de notre parcours. En effet, avec
une sortie située à quelques dizaines de mètres de la plage, c’est la
gare de Biot qui maximise le temps passé à attraper des coups de soleils
en mangeant des +4.
Bon, là en théorie, on aurait dû reprendre des tickets car apparemment,
deux tickets A vers B puis B vers C, ça coute plus cher qu’un ticket A
vers C.
Mais bon, le guichet est squatté par des étrangers qui vont surement à
Monaco, et le temps qu’on trouve un moyen d’échanger les billets déjà
achetés contre les nouveaux sur une borne, c’est sûr qu’on risque de ne
plus faire ni plage ni UNO, et qu’on va rater le fameux train pour
lequel on a initialement pris un billet !
Donc bref, on monte dans le premier train et va se couvrir les fesses de
la poussière blanche de la plage de Biot, puis on reprend notre train
initial et on arrive finalement à Èze !
On se trompe de sortie, on traverse les voies sur un passage à niveau
puis on arrive finalement devant un restaurant. Ça tombe bien, cette
matinée nous a épuisé et nous avons besoin de nous restaurer pour
attaquer l’ascension de Èze par le chemin de Nietzche.
Mais surprise, il se met à pleuvoir …
On attends donc et on en profite pour prendre entrée, plat, dessert,
café et faire des pyramides de sucre.
Ça ne se calme pas, on commence à envisager l’option retour sans rando …
Un bus passe très régulièrement et s’arrête pas très loin, et il semble
aller dans la bonne direction.
Je tente de regarder ses horaires sur mon smartphone low cost : hum, pas
de Centrale de Mobilité dans cette région, pas de système d’information
multimodale régional, il faut que je me tape le site pas du tout adapté
des cars départementaux.
Comme d’habitude, ça fonctionne pas super, on laisse tomber et on se
rabat sur notre ami le train …
Mais au moment où on se décide à partir, la pluie se calme enfin : go go
go !
Nous attaquons donc une ballade très sympathique, d’une grosse
demi-heure..
La vue est magnifique : le regard d’un de mes acolyte s’arrête sur les
falaises, le mien sur la ligne de chemin de fer qui longe la mer ...

Le parcours est bien indiqué, et jalonné de passages informatifs sur
Nietzche qui aurait écrit son fameux bouquin dans ces lieux.

Bien indiqué, bien indiqué … pas partout quand même
Et la randonnée s’achève dans une petite cité médiévale de rues pavées
et de galeries d’art.
Nous trainassons un peu puis prenons le chemin du retour.

À mi-parcours, nous regardons les horaires du prochain TER qui nous
ramène à Antibes et … on se met à courir vers la gare.
Ça me rappelle une idée sur laquelle j’avais bossée dans un hackathon,
pour proposer, entre autres, des trajets TER + rando + TER, en
optimisant les temps pour ne pas se retrouver à courir pour avoir son
train, ou à l’inverse à attendre deux heures à la gare parce qu’on l’a
loupé …
Je me dégage de mon siège inclinable et sors de la voiture en actionant
la porte à ouverture pneumatique qui fait tant de bruit et me réveille
en sursaut toutes les heures environ, et je me dirige vers le couloir
permettant de changer de voiture. Je veux ouvrir les portes pour
rejoindre les toilettes de la voiture de derrière. Mais par la vitre de
ces portes, je vois une gare faiblement éclairée qui s'éloigne ..
wow, il est 4 heures du matin, je suis dans un Intercités de nuit et je
suis complètement déphasée : le reste du train a été largué une bonne
heure auparavant.
Comment me suis-je retrouvée dans cette situation ?
Flashback : 11 heures plus tôt
Je suis au boulot, je vérifie une dernière fois dans mon calendrier
l'évènement créé par Capitaine
Train (l'agence de
voyage en ligne qu'elle est bien !). Mon train est dans cinquante
minutes.
Un petit SMS à mon acolyte qui doit être sur le départ également, pour
lui déconseiller de prendre la ligne de métro 10, dont le trafic vient
tout juste de reprendre après une longue interruption.
Un petit coucou aux collègues et je vais prendre mon bus, direction la
gare d'Austerlitz.
Et là, c'est le drame ... Le trajet dure habituellement une petite
quizaine de minutes, mais là, ça ne roule pas ! Au bout d'une
demi-heure, on arrive péniblement à la gare de Bercy. Génial, à pied, je
serais arrivée avant ! Je commence à paniquer, d'autant plus que mon
acolyte est également en galère avec le métro.
Ça ne s'arrange pas, j'aurais dû descendre à Bercy et finir à pied. Je
craque d'ailleurs à gare de Lyon, mais il est déjà trop tard, je suis en
conversation avec mon acolyte, et j'entends dans le téléphone le message
de départ du train ...
Ok, j'ai donc raté mon train. Et c'est une première !
Mais ça tombe bien, je suis à la gare de Lyon, je vais donc pouvoir
faire le nécessaire facilement pour continuer mon voyage.
Déjà, c'était un trajet en deux étapes : d'abord un TGV jusqu'à
Brive-La-Gaillarde, puis un TER jusqu'à ma destination.
Je me dis que je peux annuler la deuxième partie de mon voyage : le TER
Brive vers Rodez, vu qu'il est dans 4 heures ...
Direction une borne. Aïe, j'avais oublié que c'était un départ de
vacances, y a des gens partout !!
Bref, je fais la queue, je tripote un peu tous les boutons. Je finis par
retirer mes billets, c'est le seul truc que j'ai réussi à tirer de la
borne.
Heureusement, je peux faire le choix de ne retirer que les miens, alors
que j'ai acheté ceux de mon acolyte en même temps : il n'a pas raté le
train, mais s'il avait retiré mon billet et était parti avec, j'aurais
été bien embêtée ...
Bon, stop, faisons une pause et réfléchissons un peu : qu'est-ce que je
fais ici ? Qu'est ce que je cherche à faire ?
1) me faire rembourser une portion du trajet (parce que ça coute quand
même un peu cher)
2) trouver un autre billet pour Rodez d'ici demain midi, si possible
abordable ...
Retour à la borne, pour tenter de me faire rembourser ma deuxième partie
de trajet.
Mais là, pas moyen. Ça me rappelle ce tweet très à propos :
je viens d'acheter BORNE SNCF SIMULATOR, j'suis bloqué au niveau 56,
je dois échanger 1 billet en moins de 25 minutes

— Babor (@baborlelefan) February 6,2014
- Je me dis qu'il vaut mieux que j'aille au guichet.
- Direction les guichets. Nouveau système (ptet pas si nouveau, ça fait
- longtemps que je ne suis pas allée au guichet ...), il faut prendre un
- ticket.
- Il m'indique : "il y a 73 personnes devant vous, temps d'attente estimé
- 42 minutes". Merci de le préciser, avec tous les gens qu'il y avait
là, j'aurais plutôt estimé une heure et demi !
Je m'approche d'un agent SNCF, qui a l'air de s'ennuyer royalement et
lui demande innocemment, en montrant ma carte Grand Voyageur : "dites, y
a pas un guichet spécial pour ceux qui ont la carte ?"
"Ah non madame désolé, c'est seulement pour ceux qui ont la carte Grand
Voyageur plus plus !"
Mouais, je pense pas que ça existe mais admettons, je vais faire la
queue.
Après vérification, il y a bien un guichet spécial Grand Voyageur à Gare
de Lyon, et il n'y a pas de programme de fidélité qui ressemble à Grand
Voyageur ++. Merci.
Là, j'ai un petit moment de doute. J'ai acheté mon billet dans l'agence
de voyage qu'elle est
bien, et je vais
demander à la SNCF de me rembourser un billet que je ne lui ai pas payé
directement : est-ce que ça va fonctionner ? J'ai envie de consulter le
site de Capitaine Train, mais mon smartphone low cost n'est pas de cet
avis.
[Ceci dit, pour ceux que cette question taraude autant que moi, la
réponse est : la SNCF rembourse si le montant est inférieur à 5 euros.
Sinon, il faut effectivement s'adresser à Capitaine Train]
Comme 40 minutes, ça fait long, je retourne pianoter sur la borne.
J'attaque la partie 2 de mon plan : me trouver un autre billet pour
aller à Rodez.
C'est amusant comme c'est étonnamment conçu une borne : je choisis ma
destination, mon horaire, si je veux un siège inclinable, une place côté
couloir, etc et enfin, je vois s'afficher le prix !
Je me demande si le fait de devoir faire tous ces choix avant d'avoir le
prix est juste une erreur de conception, ou si c'est fait exprès pour
que tu prennes n'importe quel billet, juste parce que t'as la flemme de
cliquer sur "tout annuler", et de recommencer avec un autre train pour
savoir lequel est le moins cher ...
Bref, je réfléchis : je le prends, je le prends pas ?
C'est un train de nuit, je vais arriver très tôt à Rodez : mes hôtes
pourront-ils venir me chercher ? J'hésite.
Derrière moi, les gens me pressent et s'impatientent de manière fort
incivique. Tant pis, je cède à la pression sociale et je le prends. Au
pire, je me le ferai aussi rembourser au guichet, au point où j'en suis
...
Mon billet sera sur ma carte voyageur, la borne m'imprime le mémo.
J'avais choisi un siège côté couloir, je suis côté fenêtre : non
seulement on me force à choisir tout un tas d'options sans intérêt avant
de m'afficher le prix, mais en plus on n'en tient pas compte. Mais
pourquoi y a pas des bornes Capitaine
Train dans les gares ?
Bref, mon tour vient enfin.
J'explique donc ma mésaventure au guichetier : j'ai raté mon TGV pour
Brive, j'aimerais me faire rembourser mon TER Brive-Rodez.
Il me regarde avec un air peiné. Puis il me lâche enfin : "ça va pas
être possible, vous n'avez qu'un seul billet pour les deux"
Ah. Ça explique pourquoi je ne trouvais pas cette option sur la borne.
"Mais attendez" me dit-il en retournant mon billet. "Votre billet est
échangeable avec une retenue le jour du départ"
"Même après le départ"
"Ben oui, le jour du départ"
Ah ah, la chance tourne en ma faveur. Je lui dit que je vais prendre
cette option.
"Bon alors, à quelle heure voulez-vous partir ?"
"Ben, je viens de prendre un billet pour le train de nuit"
"Parfait, je vais vous échanger votre billet initial contre un billet
dans le train de nuit, puis je vais vous rembourser le billet que vous
avez pris à la borne"
Ok, alors autant mes expériences avec la borne étaient déprimantes,
autant je sens que je vais bien m'entendre avec le monsieur du guichet
!
Je lui paye les frais d'échange et lui donne mon billet. Il gribouille
des choses dessus, puis là, retournement de situation non prévu :
"le train est complet, je ne peux pas vous faire un billet pour ce
train-là. En fait, vous avez pris la dernière place, à la borne"
Noooon !
"Il ne reste qu'une seule solution : je vous rembourse d'abord votre
billet pour le train de nuit que vous avez pris à la borne, puis je vous
échange votre premier billet contre la place dans le train de nuit que
vous venez de libérer"
Balèze hein, le monsieur du guichet !
"mais c'est pas sûr que ça va marcher, quelqu'un pourrait prendre la
place que vous aller libérer avant que j'ai fini la manip'"
Du coup, on prend un peu de temps pour étudier les autres solutions (les
trains du lendemain matin).
Puis, c'est parti, on lance le tour de passe-passe !
Il me rembourse mon billet.
Puis il procède à l'échange et bingo, ça fonctionne ! Je viens donc de
me faire rembourser un billet de train acheté 20 minutes plus tôt afin
de racheter très exactement le même billet !
Il m'imprime mon nouveau billet et je le remercie chaleureusement.
Fin de l'épisode guichet.

Bon, là, petit intermède puisque le train est dans 3 heures.
J'arrive finalement à la gare d'Austerlitz avec près d'une heure
d'avance (pas question de rater celui-là !).
Et là, grosse suprise, le train est à quai et l'embarquement a déjà
commencé. Ça me change des TGV Marseille-Paris où la voie est indiquée 5
minutes avant le départ !
C'est (presque) un bi-tranche divergeant : une grosse partie du train
est en direction de Toulouse alors que l'autre va à Albi. Il faudra que
je reste éveillée pour assister au décrochage des voitures et à la
séparation !

Je me retrouve finalement sur mon siège inclinable, fort épuisée par ces
mésaventures.
Je m'endors donc, et me réveille périodiquement, à chaque fois que
quelqu'un actionne la porte pour se rendre dans les toilettes qui sont
dans la voiture de derrière. Fait amusant, à chaque fois que je me
réveille, sur l'écran de ma voisine (qui se reflète assez bien dans la
vitre), je vois Jim Carrey en train de copuler avec un autre gars ... y
a des jours comme ça, où le sort semble s'acharner sur moi ...
Enfin voilà, c'est comme ça que je me suis retrouvée, la main sur la
poignée de la porte de ma voiture, à regarder une gare de province
s'éloigner par la fenêtre, en me demandant où étaient passés les
toilettes ...